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Une solution quand la metformine ne passe pas?




La metformine est un médicament appartenant à la classe des biguanides, utilisé principalement dans le traitement du diabète de type 2. Son origine remonte au début du XXe siècle, lorsqu'elle a été synthétisée à partir de la galégine, un composé extrait du Galega officinalis, une plante utilisée en médecine traditionnelle. Cependant, son utilisation clinique ne s'est réellement développée qu'à partir des années 1950.


Aujourd'hui, la metformine est l’un des antidiabétiques les plus prescrits au monde et constitue le premier choix de traitement suite au diagnostic de diabète de type 2. L’étude que nous analysons porte sur la prévention des effets secondaires gastro-intestinaux de la metformine. Malgré son efficacité, la metformine est souvent associée à des troubles digestifs (diarrhée, douleurs abdominales, ballonnements etc.), pouvant entraîner l’abandon du traitement par certains patients. Pour pallier ce problème, la dose est habituellement augmentée graduellement et, au besoin, une formulation à libération prolongée peut être utilisée. Cette étude explore l’impact d’un modulateur du microbiote intestinal, un mélange de fibres prébiotique et d’antioxydants naturels, comme moyen d'améliorer la tolérance à la metformine. Un prébiotique est une élément nourrissant pour la flore intestinal et permet d'en maintenir le bon fonctionnement.


cliquez sur l'image pour accéder à l'étude complète
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Méthodologie de l’étude


L’étude repose sur un essai randomisé de petite envergure, comprenant 10 patients séparés au hasard en deux groupes. Les critères de sélection sont clairs et les individus sont représentatifs de la population diabétique en générale. Lors du recrutement, l'ensemble des participants présentait ou avait présenté une intolérance à la metformine.


Les deux groupes on reçu alternativement une des deux combinaisons suivantes :


  • Combinaison 1 : Metformine + modulateur du microbiote

  • Combinaison 2 : Metformine + placebo


Les participants ont suivi un protocole précis comprenant 3 phases :


  1. Phase 1 : 2 semaines de traitement avec la combinaison 1 ou la combinaison 2

  2. Phase 2 : 2 semaines de pause

  3. Phase 3 : 2 semaines de traitement en changeant la combinaison de traitement


Ce type de conception, appelé essai croisé, permet à chaque patient de recevoir successivement le traitement et le placebo, limitant ainsi les biais liés aux différences individuelles des participants.


Hypothèse et fondements biologiques


L’étude s’appuie sur des travaux antérieurs montrant que l'interaction entre le microbiote intestinal et la metformine pourrait influencer les effets secondaires de cette dernière selon le mécanisme suivant :


  • Par son effet pharmacologique, la metformine favorise la production d-lactate par les bactéries qui peuplent l’intestin.

  • l'augmentation de d-lactate pourrait être responsable des troubles digestifs associés à la metformine.

  • La production de d-lactacte est exacerbée chez les consommateurs d’aliments riches en amidon et en sucre (céréales, légumineuses).


Deuxièmement, par son effet sur le foie, la metformine pourrait augmenter la présence d'acide biliaire dans les intestins. Cette augmentation augmente ensuite le risque de diarrhée.


Sans être énoncé clairement, les chercheurs veulent visiblement valider l'efficacité de la prise d'un modulateur du microbiote, composé d’inuline, bêta-glucan et anthocyanines, pour rééquilibrer la flore intestinale afin de réduire la production de d-lactate tout en protégeant les intestins d'une augmentation des acides biliaires. Les effets indésirables digestifs de la metformine s'en trouverait donc réduit. On retrouve ces éléments modulateurs dans plusieurs aliments frais, notamment l'ail, le poireau, l'oignon, l'avoine, la pomme et le bleuet. Dans le contexte de l'étude, le modulateur du microbiote et le placebo se présentaient sous forme d'un supplément en poudre à mélanger dans l'eau.


Mesures et outils d’évaluation


L’efficacité du traitement a été évaluée à l’aide de trois mesures :


  1. Un questionnaire mesurant la présence et l’intensité des symptômes gastro-intestinaux.

  2. Une échelle d’évaluation du volume et de la consistance des selles.

  3. Une glycémie capillaire à jeun effectuée quotidiennement.


Les mesures de la glycémie ayant été faites à domicile par les participants, cela rend impossible la validation des résultats présentés (type d'appareil utilisé inconnu, méthode utilisée et résultats non supervisés). Le focus sera donc mis sur l'impact au niveau des effets secondaires.


Analyse statistique et validité des résultats


Forces de l’étude


L’essai randomisé permet de réduire certains biais liés aux différences entre individus et d’établir un lien de cause à effet, ce qui en fait une méthode de référence pour évaluer l’efficacité d’un traitement. De son côté, le protocole croisé repose sur le fait que chaque patient sert de son propre témoin, ce qui améliore la comparaison des effets en réduisant l’influence des variations interindividuelles.


Faiblesses et limites


Un problème de puissance statistique peut survenir lorsque l’échantillon est trop réduit, limitant ainsi la capacité à détecter une différence significative entre les groupes. Par ailleurs, les résultats détaillés du questionnaire d’évaluation des effets secondaires ne sont pas présentés : bien que les auteurs affirment que le modulateur du microbiote réduit significativement l’intolérance à la metformine, ils ne fournissent pas les calculs précis ayant conduit à cette conclusion.


Analyse des résulats


L’étude apporte une hypothèse intéressante sur le lien entre le microbiote et la tolérance à la metformine. Malgré l'impossibilité de confirmer l'effet significatif rapporté par les auteurs, l'ajout d'un supplément alimentaire bénéfique pour les bactéries intestinales pourrait améliorer la tolérance à la metformine et permettre à davantage de personne souffrant de diabète de type 2 de profiter de ce traitement efficace et peu cher. Au delà de la prise d'un supplément, il est intéressant de noter qu'une alimentation riche en fruits et légumes et une diminution de la consommation d'aliments riches amidon et en sucre raffiné pourrait avoir un effet similaire.


Les auteurs évoquent également un effet significatif de la prise du modulateur du microbiote sur la réduction de la glycémie des participants. Une étude plus longue comprenant des mesures contrôlées de la glycémie par des prises de sang serait nécessaire pour confirmer cet effet. Encore là, une alimentation riche en fruits et légumes et une diminution de la consommation d'aliments riches amidon et en sucre raffiné auront certainement un effet positif à ce niveau.


Pour une validation plus solide de ces résultats, plusieurs améliorations pourraient être apportées. Tout d’abord, augmenter la taille de l’échantillon permettrait d’améliorer la puissance statistique et de renforcer la fiabilité des résultats. Enfin, il serait important de contrôler les facteurs de confusion, tels que l’alimentation, la fréquence d'élimination des selles avant le recrutement ou les variations interindividuelles du microbiote, afin de limiter les biais et affiner les conclusions. Au final, cette étude démontre un bénéfice supplémentaire probable de la modification des habitudes alimentaires afin d'améliorer la tolérance à la metformine.

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